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https://www.lemonde.fr/culture/article/2024/03/06/inchallah-un-fils-raconte-le-combat-d-une-veuve-pour-son-emancipation-en-jordanie_6220427_3246.html
L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER
Présenté en mai 2023 à la Semaine de la critique, où il a obtenu le prestigieux Prix à la diffusion de la Fondation Gan pour le cinéma, Inchallah un fils, d’Amjad Al Rasheed, est le premier film jordanien sélectionné au Festival de Cannes. Dotée d’un suspense qui monte à petit feu, cette comédie dramatique retrace les vicissitudes du veuvage de Nawal (l’actrice palestinienne Mouna Hawa), 30 ans, qui vient tout juste de perdre son mari. Mort au réveil. « Quand une femme perd son mari, elle perd son amant, son partenaire, tout dans sa vie », lui rappelle-t-on à la veillée funèbre. Nawal n’est pas au bout de ses peines. Elle doit maintenant se battre pour son héritage : conserver son appartement et la garde de sa fille, dans une société où avoir un fils changerait la donne, s’avère une tâche périlleuse.
Selon la jurisprudence, la veuve doit partager les parts de son petit trois-pièces d’Amman avec son beau-frère Rifqi (Haitham Omari). Ne pouvant prouver qu’elle a participé à son financement – son mari n’a pas signé le formulaire – et n’ayant pas été autorisée à contracter un prêt auprès d’une banque – c’est une femme –, elle décide de bluffer en prétendant être enceinte pour suspendre l’ordonnance du juge.
Malgré le deuil, le film est d’humeur solaire, à l’image de Nawal, qui slalome entre les lois, court entre son travail et l’école de sa fille, sait dire non aux hommes qui se proposent de penser à sa place dans des négociations interminables, enfile et retire son voile à la vitesse de l’éclair… Elle se démène avec la grâce et l’optimisme joyeux de celles qui croient ferme en leurs décisions, ce qui la différencie des Mères Courage d’inspiration brechtienne.
Si l’ensemble nous apprend beaucoup de choses sur la législation patriarcale du pays, le film ne s’attache pas seulement à l’histoire d’une loi. L’intrigue – coécrite par la scénariste française Delphine Agut – nous entraîne dans une spirale bureaucratique. Dans quelle mesure Nawal peut-elle être entendue ? prise au sérieux ? soutenue ? On pense beaucoup à un modèle du genre, Moi, Daniel Blake (2016), de Ken Loach, dans lequel un homme malade se bat contre les institutions pour toucher son allocation d’invalidité.