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https://www.lemonde.fr/cinema/article/2011/09/13/la-fee-le-gag-helas-est-une-science-inexacte_1571601_3476.html
Il y a une centaine d'années, il fallait plusieurs minutes pour déclencher un gag. Le temps de placer le seau au-dessus de la porte, d'amener la victime jusqu'au seuil, de lui donner une bonne raison de le franchir. Le rire naissait alors autant de l'anticipation que de la réalisation. C'est à ce rituel compliqué que se consacre aujourd'hui le trio Abel (belge), Gordon (canadienne, mais on pourrait la prendre pour une Anglaise) et Romy (français).
Cette mécanique délicate n'a pas survécu à l'avènement du cinéma sonore, et les films du trio (La Fée est leur troisième long métrage, après L'Iceberg et Rumba) sont quasiment muets. Les mots énoncés y tiennent exactement le rôle des cartons d'antan. De même la couleur n'est pas là pour exacerber la proximité entre le cinéma et le monde, mais pour inventer des images qui paraissent souvent sortir de très vieilles bandes dessinées (Frimousset, les Katzenjammer Kids).
Après avoir raconté des histoires absurdes et romantiques, le trio s'intéresse avec La Fée au monde tel qu'il va. Situé au Havre, le film exalte les amours de Dom, veilleur de nuit dans un hôtel du Havre, et de Fiona, une fée à l'accent anglais, sans domicile fixe. Il est aussi question d'Africains qui veulent passer en Angleterre et de policiers aussi peu dégourdis que compréhensifs.
Malgré ce changement de matière, Abel, Gordon et Romy ne changent rien à leur manière. Les plaisanteries minutieusement chorégraphiées, les mouvements des corps qui défient la gravité (grâce surtout au talent des interprètes, même s'il ne faut pas écarter la possibilité d'un recours à quelques trucs numériques) sont mis au service d'une histoire au grand coeur.
Abstraction des images
Le contraste entre des situations que l'on a beaucoup vues ces derniers temps, en général traitées sur un mode réaliste (le chef décorateur du film est en fait Auguste Perret (1874-1954), l'architecte qui a reconstruit Le Havre), et l'abstraction des images et du jeu (si l'on peut dire, les trois auteurs et leurs complices pratiquent un art qui relève plutôt de celui des clowns) est déroutant. Il est avéré que le procédé fait rire une bonne partie du public. Mais cette réaction n'est pas universelle, comme peut l'attester le signataire, resté de marbre, malgré toute la sympathie qu'inspire l'entreprise.
LA BANDE-ANNONCE
Film français et belge, de et avec Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy. (1 h 33.)